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Le soldat de plomb. Petit rappel historique.
L’expression « soldat de plomb », est un terme générique. Il englobe aussi bien le soldat en plastique qu’en fer blanc, ainsi qu’en composition et en aluminium. Ce survol rapide du sujet permettra peut-être aux néophytes curieux, d’y voir un peu plus clair.
Soldats de plomb. (Lead Soldiers), (Bleisoldaten).
Les trois grandes nations du soldat de plomb, on le sait, furent l’Allemagne, la France, et dans une moins grande mesure, l’Angleterre.
Les fabricants allemands.
L’Allemagne et la France, furent toujours concurrentes sur les marchés de l’export. Les grands fabricants allemands étaient Heyde, Haffner, Noris et Krause qui proposaient un large choix de thèmes et de tailles, dans leur catalogue de petits soldats et figurines. Les allemands étaient réputés pour leur imagination et la poésie de leurs compositions. Le thème du cirque, du monde animal (zoo et ménagerie), celui de la nativité, (crèches) fut particulièrement développé. Les tailles, 48 mm, 60 mm, 75 mm, ronde-bosse ou demi-ronde-bosse, augmentaient le choix pour le collectionneur. Spenkuch, Schneider et Bischoff étaient également des fabricants allemands appréciés, tout comme Wollner en Autriche.
Les fabricants français.
En France, dès 1870, trois associés créent la firme C.B.G., (Cupperly, Blondel et Gerbeau), et proposent des « jouets en étain et en métal anglais ». La firme sera reprise par Henri Mignot en 1907 et prendra le nom définitif de C.B.G.-Mignot. La société a traversé le temps et les modes, et poursuit aujourd’hui encore son activité, dirigée par Loïc Pemzec. CBG-Mignot est ainsi la plus ancienne « grande marque » (elle a démarré son activité à peu près à la même période que Heyde en Allemagne). Elle est aussi la dernière survivante dans le monde. Le catalogue par lui-même, est le reflet de l’histoire mondiale pendant près d’un siècle.
De l’antiquité au moyen-âge, de l’Empire aux colonies, CBG a tout produit ou presque. La ferme, la chasse à courre, le zoo, les indiens et les cow-boys, mais encore l’armée française avec l’infanterie, la cavalerie et l’artillerie. Les ensembles étaient présentés dans des boites-diorama évoquant un combat ou une visite du Tzar à Paris. La firme édita entre autres, l’expédition au Pôle-Nord ainsi que les grandes manœuvres et même les contes de Perrault (Le Petit Poucet) etc..
Le conditionnement en boite-diorama, à abattant ou à étages fut une spécialité de CBG-Mignot. Les allemands n’utilisèrent que très peu cette présentation. D’autres fabricants français se spécialisèrent dans le soldat en plomb. Notamment Bertrand et Vertunni (B.V.), qui édita une collection de soldats de la grande guerre, dont l’infanterie, la cavalerie ainsi qu’une artillerie de toute première qualité. La peinture des uniformes était particulièrement soignée et les teintes bien respectées.
Lucotte, est certainement la marque emblématique des amateurs du premier Empire. Toute la grande armée de Napoléon a été représentée ou presque. Les hussards, dragons, carabiniers et autres chasseurs à cheval ont été peints dans toutes les variantes régimentaires, tout comme l’infanterie et l’artillerie. Lucotte a également produit une très large gamme des armées du conflit de 1914-18. Cette marque existe encore, dirigée par Edouard Pemzec.
Enfin, il faut citer deux fabricants qui produisirent à la fois des soldats en plomb massif et des soldats en plomb creux : Xavier Raphanel (X.R.) et Louis Prieur (L.P.). La maison Simon et Rivolet (S.R.) fut réputée pour les attelages, trains d’artillerie et caissons qu’elle fabriqua jusqu’à la seconde guerre mondiale.
Les fabricants anglais.
La fabrication anglaise est surtout connue grâce à la Marque Britains, qui produisit une extraordinaire collection de soldats en plomb creux (Hollow-Cast Figures). C’est William Britain qui inventa à la fin du 19e siècle, le principe de « revider » un soldat coulé en plomb, afin que moins de matière soit utilisée, et ainsi faire baisser le coût de production et le prix de vente.
La firme Britains se concentra surtout sur l’armée anglaise, mais produisit également un large éventail des troupes étrangères, à l’occasion du premier conflit mondial. Grâce à ses liens commerciaux privilégiés avec le Commonwealth et les États-Unis, Britains inonda le monde anglo-saxon de ses petits soldats. D’autres fabricants, beaucoup plus modestes, ont également produit des figurines en plomb creux ; Timpo-Toys et Johillco ainsi que Cherilea et Charbens, entre autres.
Soldats en composition.
Les soldats en matière composée, ou « composition Toy Soldiers » en Angleterre, ou « Soldatini di Cartapesta » en Italie ou « Masse-Soldaten-Figuren » en Allemagne furent très populaires en Europe entre 1850 et 1950. Cette spécialité est avant tout représentée par les très rares et anciens soldats « Giroux », du nom du grand magasin de luxe parisien, qui les faisait fabriquer spécialement dès 1830, dans la région de Sonneberg, dans la Thuringe allemande.
Fabricants français.
En France, ce sont les grands soldats de S.F.B.J., représentant les belligérants de 1914-1918, ainsi que les soldats en « papier mâché », ou « bois compressé », aux lignes naïves de Bon-Dufour et de Villard et Weill, qui firent la joie des enfants. Cellose et Résistex, sont également régulièrement présents dans les vitrines des collectionneurs, grâce à leurs séries d’infanterie et de cavalerie de l’armée française de la seconde guerre mondiale.
Enfin JRD, connu par son style « Art Déco », a édité une large gamme de soldats, crée à l’occasion de l’exposition coloniale de 1931, et représentant toutes les facettes de l’infanterie française du temps, avec un effort particulier sur les zouaves, les spahis, les méharistes, les tirailleurs algériens et tirailleurs sénégalais. Il ne faut pas oublier la firme Dommage & Compagnie, plus connue par ses initiales D.C., qui créa vers 1939, des soldats en « Plâtre et Farine » vendus à l’époque à petits prix et qui offrait un vaste choix de sujets.
Fabricants allemands.
C’est l’Allemagne qui fut leader dans cette matière avec les marques Elastolin (Hausser) et Lineol. Le Western et les animaux sauvages furent largement représentés, mais bien sûr, c’est surtout l’armée allemande celle de 1914-1918 et celle de 1939-1940 qui fut abondamment produite. D’abord très grande (17 cm), la taille des soldats ira diminuant pour se stabiliser à 70mm. Une large gamme de véhicules en fer blanc accompagna cette armée faite de sciure et de colle. A noter les firmes allemandes Leyla, Plastinol et Froha qui produisirent des séries intéressantes et surtout la marque Tipple-Topple (Emil Pfeiffer) à Vienne, qui dès 1890 fabriqua des soldats de grande qualité, très recherchés aujourd’hui.
Fabricants belges et italiens.
Par ailleurs, les fabricants belges s’étaient spécialisés dans la matière composée qu’ils appelaient « soldats en pâte ». Le plus connu d’entre eux est la firme Durso, située à Liège, mais il faut évoquer aussi Nazaire Beeusaert (NB), Incamim, GJ, Solido, Bon-Marché (BM), et Triumf. En Italie, ce sont les marques Figir, Confalonieri, Chialu, Nardi et Landi qui proposèrent un large éventail d’indiens et cow-boys, de chevaliers du moyen-âge et de soldats, tout particulièrement des troupes coloniales
Soldats en tôle agrafée.
Deux firmes françaises sont réputées pour avoir fabriqué dès la fin du dix-neuvième siècle, des soldats et figurines civiles en métal blanc, faites de deux moitiés embouties, soudées ou agrafées entre elles et peintes à la main. Ce sont les maisons FV (Faivre Edmond) et CR (Charles Rossignol), qui produisirent de nombreuses boites de soldats, de cavaliers, de pompiers mais également de scènes civiles. Certaines séries furent éditées en tôle lithographiée, très caractéristique du soldat-jouet. F.V. et C.R. produisirent jusqu’à la fin des années 20.
Soldats en plats d’étain. (Zinnfiguren). (Flat Figures).
Les figurines en plat d’étain sont incontestablement une spécialité Allemande. Certes, avant 1789, il se vendait à Paris des figurines à la gravure très naïve, évoquant les soldats du temps, à la silhouette au chapeau bicorne, artilleurs ou gardes-françaises. Elles étaient vendues au poids, par les bimbelotiers ambulants, à petit prix, à peine décorées d’une seule touche de peinture bleue ou rouge. Un peu plus tard, on trouvera à Strasbourg des officines qui semblent avoir connu un certain succès (Bergman).
Mais nous le disions plus haut, c’est la région de Nuremberg et de Fürth qui a abrité les plus grands fabricants de plat d’étain. Hilpert et Ammon ainsi que Besold, Sohlke et Haffner sont parmi les plus anciens, mais ce sont surtout Allgeyer et Heinrichsen qui sont les deux géants de la spécialité. L’étendue de la production est inouïe. Il n’y a pas un thème, un conflit, un évènement qui n’ait été « couvert » par l’édition d’une série. Que dire alors des armées, de l’antiquité à la renaissance, de la guerre de cent ans aux croisades, de la guerre de trente ans à celle de sécession, du conflit italo-turc à celui russo-japonais.. Rien ne fut oublié.
Par ailleurs, C.B.G.- Mignot produisit dès 1931, une collection de plats d’étains couvrant toute la période de l’histoire de France depuis la période Gallo-Romaine jusqu’à la première guerre mondiale. La très belle gravure de ces figurines, crées par Monsieur Pépin d’après les dessins de Lucien Rousselot, connurent un grand succès, et furent mis en peinture, par de très nombreux artistes figurinistes.
Excessivement populaire jusqu’entre les deux guerres, ce type de collection a perdu de son engouement, depuis lors.
Les soldats en plomb creux. (Hollow-Cast Figures).
Dès avant la première guerre, l’anglais William Britain créa à Paris une filiale, afin de diffuser les soldats de la marque Britains. Cette antenne s’appelait Paris-Office. Très vite, les fabricants français s’en inspirèrent et commencèrent à fabriquer des soldats aux graphismes originaux. Le plomb creux français était né, et, par son style et sa fantaisie, est toujours aujourd’hui apprécié des collectionneurs du monde entier. Les thèmes traités sont le cirque et le zoo tout comme la ferme et la chasse, l’histoire (des romains à l’Empire), le Far-West et l’école ainsi que la classe et les sports, la crèche, et bien entendu, le thème colonial ; scènes civiles et militaires en Indochine, Afrique Noire et Afrique du Nord.
Les principaux fabricants ont été Georges Muncklé (GM), Le Jouet Fondu, (JF) puis (JSF Jouet Standard Français), Dommage et Compagnie (DC), Blancherie Frères (BF), Louis Roussy (LR), Henri Roger (HR) Xavier Raphanel (XR), Charles Sylvester (CS), Charles Debeffe, Ailor, Charles Lanoy, (CL) et Louis Prieur (LP). CBG Mignot fabriqua également une gamme assez complète de figurines en plomb creux, et notamment de très grands soldats stylisés de 110 mm, appelés « soldats pour chambre d’enfants ».
Quiralu. Grande boite à décor. La légion et la Nouba marocaine. 1945-1950.
Les soldats en aluminium.
Quiralu.
Typiquement français, le soldat d’aluminium, est incarné par la firme Quiralu, fondée par Emile Quirin, qui commença à produire dès 1933 de grandes figurines plates en fonte d’aluminium. Puis vinrent les figurines en ronde-bosse de 60 mm, représentant l’armée « moderne » française de 1936. Le succès fut immédiat pour Quiralu, au détriment des soldats en plomb creux très populaires à l’époque. Seul le prix élevé de cette belle production, fut un obstacle à l’hégémonie du soldat Quiralu. La firme fabriquait également tout un choix d’accessoires en bois (Boislux), fermes et châteaux-forts ainsi que arches de Noé, cirque, qui permettait de mettre en scène les figurines. Une large gamme d’attelages agricoles, de tracteurs et matériels fut aussi distribuée.
Les autres fabricants.
Pour contrer Quiralu, la plupart des fabricants de plomb creux, ajoutèrent à leur catalogue, une gamme de soldats en aluminium. Mignalu (CBG Mignot) et Aludo (D.C.), Gémalux (GM) ainsi que Beffalu (Charles Debeffe). Peu à peu l’Aluminium prit le pas sur le plomb creux, qui disparut complètement après la libération. Après la guerre, quelques nouveaux fabricants virent le jour : Bicail et Ganivet ainsi que Robert Ficher (RF) et Ninin. A l’étranger, les marques Kroolyn (Danemark) et Wend-Al (Angleterre), produisirent des séries en aluminium, d’après des modèles Linéol pour le premier et Quiralu, pour le second.
Les soldats de collection. Les figurines d’artistes.
On place dans cette catégorie, les fabricants qui, dès le démarrage de leur production, s’adressaient au collectionneur et non pas au destinataire d’un jouet. Les petits soldats détaillés plus hauts, étaient au départ, dédiés aux enfants. Cette vocation initiale fut très vite détournée par les adultes qui commencèrent à constituer des collections.
Les fabricants.
Deux fabricants sont reconnus comme éditeur de soldats de collection : – Tout d’abord, Gustave Vertunni qui proposa une collection très complète des rois et des reines de France, des hauts dignitaires, des chefs de guerres, des maîtresses, des favoris et des soldats du temps. Cette collection, pour la qualité de la gravure et la finesse de ses peintures, eut toujours beaucoup de succès.
– Par ailleurs, la marque belge MIM (Maximus In Minimus), 1938-1948, qui se spécialisa dans la représentation des figurines de l’antiquité et du premier Empire. Leur grande taille 60 mm et 70 mm, la qualité de la gravure, les nombreux accessoires soudés, ainsi que leur rareté (elles ne furent fabriquées que durant une dizaine d’années), font des soldats M.I.M, des pièces très recherchées. Alymer et Labayen en Espagne, Stadden et Rose Miniatures en Angleterre doivent aussi, figurer dans cette catégorie.
Les figurines d’artistes.
« L’école française » de la figurine s’est épanouie entre 1940 et 1980. Mais les précurseurs comme Gaston Auger, commencèrent avant la guerre. Les artistes travaillaient sur des formes rudimentaires, qu’ils « habillaient » à la feuille de plomb. La figurine était peinte à l’huile. Gaston Auger er Pierre Alexandre affichaient un style naïf et attachant. Quoique travaillant seuls, ils assuraient néanmoins une petite production, qui fait aujourd’hui, le bonheur des collectionneurs.
D’autres artistes vinrent ensuite, s’attachant à peindre très finement leurs figurines souvent commandées spécialement par leur client. Les plus connus d’entre eux sont Pierre Alexandre et Josiane Desfontaines ou bien Fernande Métayer, plus connue sous le nom de « Madame Métayer » ainsi que Jacques Bittard, Alexandre Ballada et Bernard Vanot. Roger Berdou et Gaston Auger, tout comme Georges Fouillé et Guy Renaud, à qui l’on doit une très belle collection de drapeaux de France de l’ancien régime et du premier Empire, faisaient partie de cette élite ..
Les soldats en matière plastique.
La fabrication de soldats en matière plastique, (Plastic Toy Soldiers) et (Kunststoff-Figuren), débuta à la fin de la guerre de 39-40. En France, on fabriqua en plastique dur (Hard-Plastic). En Angleterre et en Espagne ce fut en plastique souple. Enfin en Allemagne, on utilisa les deux matières. La « marque-phare » Starlux a dominé le marché français jusqu’en 1980. Elle édita entre-autre, de très belles séries, notamment sur les chevaliers du moyen-âge, sur le western et sur l’époque napoléonienne. D’autres fabricants firent la joie des enfants de l’après-guerre. Notamment Clairet, JIM, Guibert, Segom et MDM. En Angleterre, Britains continua la tradition avec les séries plastiques « Herald », « Swoppets », et Deetail-Models. Timpo Toys proposa un très grand choix de boites sur des thèmes parfois originaux comme les Arabes du désert ou les Esquimaux. Quant à l’Allemagne, Elastolin, par la qualité de la gravure et de la peinture, peut être considéré comme la plus belle fabrication d’après-guerre.
Conclusion.
Pendant près d’un siècle, l’industrie du soldat-jouet, créa des millions de figurines, et des dizaines de milliers d’emplois à travers l’Europe. Cette industrie a aujourd’hui totalement disparue. Les enfants se sont peu à peu détournés des jouets traditionnels, au profit des jeux électroniques et de l’ordinateur. En France, la société CBG-Mignot est la seule qui ait gardée intact, son outil de production. Quelques artisans, proposent encore en Europe, des séries traditionnelles très confidentielles. Il existe aujourd’hui une superbe production semi-artisanale en Russie. Par ailleurs, quelques firmes américaines, comme « King & Country », proposent à présent, des figurines de qualité, parmi un vaste choix de thèmes, allant de l’antiquité à la récente guerre du Golfe. Fabriquées en Chine, ces figurines sont déjà aujourd’hui très appréciées et s’imposeront, peut-être, comme la collection « ancienne » de demain.
François Beaumont